Newsletter du 10 juin
Chers lecteurs,
Ce mardi : première projection de presse depuis trois mois.
Vague inquiétude au moment d’entrer dans la salle : si, désormais, je n’étais plus propre qu’à dire l’absence des films ?
Si, les films revenus, moi, je n’étais plus là ? Si cela faisait partie du deal ?
Si, au milieu de la séance, l’officier d’une police secrète entrait dans la salle, alerté de la présence d’un imposteur – “pardon, ne vous dérangez pas, pardon, je ne viens pas pour vous, pour vous non plus, simple opération de contrôle…” –, me trouvait enfin, m’escortait vers la sortie puis, à l’aide d’une paire de ciseaux, découpait ma carte de presse et me disait : “Va : désormais, tu auras un métier honnête, ou pour lequel tu seras doué” ?
Si à présent il m’en coûtait de ne pas savoir dire d’un film ce que dit Ponge de l’eau, de l’orange, de la mousse ?
Serait-ce à dire que l’écriture pourrait se perdre comme les clés de la maison ?
“Olga n’a pas dit cela, précise, dans le film, Ingrida pour la défendre de la lecture erronée des propos qu’elle vient de tenir et de la répartie cinglante à laquelle elle s’est exposée.
– Ni cela, ni autre chose”, commente alors, perfide, un troisième débatteur.
Je crains d’avoir dit comme Olga.
Thomas Fouet
Photo : Malmkrog – Copyright Shellac Films
Newsletter du 10 juin 2020
